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Découvrez le livre du Mohamed Karim Labidi “Ma vie Ma Tunisie, livre biographique

Voici un fragment de mon livre témoignage : « Ma vie Ma Tunisie », vous pouvez méditer cet extrait que je partage avec vous, suivi d’une analyse, avant les élections du 23 octobre mais surtout suite à la polémique autour de la diffusion du film Persépolis sur Nesma TV.

“Je me rappelle bien de cet été de 1973, je m’amusais pleinement, entre sorties en familles, jeux, promenades le soir au port de la goulette, à Sidi Bou Saïd, Carthage ou hammam Lif et baignades. À l’horizon se mêlaient mes illusions du présent aux rêveries du futur.

Souvent, l’ami de mon père passait avec sa voiture accompagné de sa fille pour nous emmener, moi et mes sœurs à la mer, nos baignades étaient un régal.

Nous aimions les vagues, le vent et le sel. Nous aimions sentir le soleil pénétrer nos corps, nous rouler dans le sable, rire de tout.

C’était le temps de l’insouciance, des lendemains qui n’existaient pas. Plus rien n’avait d’importance, sinon de goûter simplement aux joies du grand large.

Mes sœurs mettaient leurs maillots de bain Bikini et se baladaient au bord de la page, quant à moi, je restais jouer et mon frère avec le sable sous l’œil attentif de l’ami de mon père, qui en même temps, appréciait quelques bières,

Les soirées coulaient tranquillement dans un bain d’allégresse et d’amitié partagée. Nous étions alors une famille ordinaire, parfois conservatrice, traditionnelle, comme la plupart des familles tunisiennes.

Ma mère faisait tout pour voir ses filles modernes ; Bourguiba, ce leader féministe, avait demandé clairement aux femmes tunisiennes d’enlever le voile traditionnel mais ma mère a gardé tout de même le « Sefséri » par habitude plus que par conviction.

Mes sœurs portaient des jeans, des minis jupes , des chemises à la mode. C’étaient, des jeunes filles imprégnées de la modernité naissante, vouée à combattre les freins conservateurs de l’arrière-garde traditionaliste qui limitaient le rôle de la femme à celui de « Bonne de maison».

Les vacances d’été viennent de finir et une de mes sœurs est rentrée à l’université, pour y étudier les sciences mathématiques, et s’approchait de plus en plus de l’islam politique sans s’en rendre compte.

Juste après quelques mois, j’ai remarqué que ma deuxième sœur, la plus proche à moi depuis ma naissance, commençait à changer et affichait un comportement bizarre qui ne laissait paraître aucun sourire. Nos échanges quotidiens ont fait naître un lien fort, qui m’a permis de remarquer cette différence subite.

Avant ce changement, elle faisait beaucoup d’efforts pour aider ma mère et nous amusions ensemble et jouons à la maison.

Mais depuis qu’elle est à l’université, elle a commencé à oublier cette joie, ce bonheur qui faisait toute la richesse de sa personnalité, elle était connue de son courage et de son esprit libre et critique, son humour, sa manière de cultiver des liens chaleureux avec les siens, elle avait beaucoup de ma mère et de son caractère fort, elle allait jusqu’au bout des choses sans abandonner.

Elle était devenue de plus en plus isolée, comme si elle avait un monde unique à elle, ne parlait presque avec personne, enfermée dans sa chambre

Un jour, j’ai entendu une discussion avec ma mère :

– Tu sais, maman, nous sommes cernés par les forces du mal.

– Que veux-tu dire, mon enfant?

– Il y a beaucoup de gens qui veulent nous détourner du chemin qui mène à Dieu.

– C’est étrange ce que tu dis là, Ma fille. Quelqu’un cherche-t-il à te faire du mal ?

– Oh non ! Je me sens si forte, maman ! Dieu est avec moi. Dieu est si bon ! Je ne me suis jamais sentie aussi près de Son cœur.

– C’est bien la première fois que je t’entends parler de Dieu avec autant de passion. Je t’en félicite. Mais pourquoi tes mains tremblent-elles à ce point ? Es-tu souffrante ?

Ma mère prit un siège, puis s’assit, abandonnant les préparatifs du déjeuner qui l’avait occupée depuis le début de la matinée.

Ma sœur resta debout, fit plusieurs fois le tour de la table de la cuisine ; de ses yeux s’échappaient des éclats coupants, lesquels exprimaient également une sorte de gêne que tentait en vain de dissimuler.

Chose surprenante, sa robe lui descendait jusqu’aux mollets, alors que d’habitude, elle portait des jupes plutôt courtes. Ma mère avait très bien compris que ça fille n’était pas dans son état normal.

– Si je suis souffrante ? reprit ma sœur. Pas le moins du monde ! Au contraire, je me sens aussi forte qu’un bloc de granit !

– Mais alors pourquoi trembles-tu ?

– Je tremble, car mon amour pour Dieu est immense. Et je sais qu’Il me regarde.

– Il nous regarde tous, rétorqua ma mère.

– Tu te trompes, maman. Dieu regarde seulement ceux qui ont tout sacrifié pour Lui, ceux qui se sont placé corps et âme sous Sa lumière.

– Depuis que tu es à l’université, tes mots ont bien changé. Et je trouve que tu as un peu perdu ta joie de vivre.

– Je n’ai jamais été si heureuse. J’ai rencontré de nouvelles personnes qui m’ont vraiment ouvert l’esprit et redonné la liberté.

– Je te remercie pour ta délicatesse, ma fille. Crois-tu que je t’ai élevée sous une cloche de verre ?

– Tu ne m’as pas élevée pour que je puisse accéder à la vraie parole de Dieu ! Lança ma sœur avec une rage qu’elle ne sut réprimer, comme si ma mère lui a caché la vérité de Dieu.

Elle s’assit à son tour, se frotta le visage avec ses mains. Pendant quelques secondes, son esprit sembla égaré dans le silence. Puis elle se leva, s’approcha de ma mère, se pencha légèrement vers elle et lui dit:

– Nous devons tous apprendre à écouter la parole de Dieu. Ce que nous avons fait pour Lui jusqu’à présent n’est rien. Désormais, tous nos gestes, tous nos actes comme nos pensées doivent être tournés vers Lui, sans quoi les portes du paradis ne nous seront pas ouvertes.

– Cesse ces mots, comme si je ne suis pas musulmane ! tes mots me font mal. Je ne veux plus t’écouter.

– Pourtant il le faudra bien, car c’est la volonté de Dieu.

Cette discussion glaça le sang de ma mère. Pourquoi sa fille était-devenue aussi dure dans ses propos ? Ma mère pratiquait la prière quotidiennement.

Elle avait éduqué ses enfants sans faire de différence entre eux, prêtant à chacun une égale attention, remplissant ainsi au mieux son rôle de mère. Elle n’avait à rougir de rien, si ce n’est de nombreuses disputes avec mon père. Mais elle n’en était pas responsable, n’ayant jamais voulu ce mariage.

Au contraire, Ma mère avait accepté son sort malgré sa peine et travaillait sans relâche pour le bien-être de sa famille.

Elle s’était battue pour que les siens puissent vivre sous leur propre toit, hâtant de cette façon l’indépendance de la famille. Vivre librement et sans la contrainte des autres, n’est-ce pas là le but auquel doit prétendre tout responsable de famille ? Que pouvait-elle faire de plus pour mériter l’amour de Dieu ?

Ma sœur prenait un virage qui annonçait des jours difficiles. Son changement d’attitude apparut davantage dans sa tenue vestimentaire. De jour en jour, ses habits prenaient de plus en plus de la longueur. De couleurs attrayantes dans les premiers temps, ils glissèrent progressivement vers le gris.

Un jour, je lui avais demandé la raison pour laquelle elle ne portait pas le « Sefséri » comme ma mère, elle m’avait répondu que celui-là représentait la femme musulmane par tradition, et que ce qu’elle portait elle, était les habits islamiques qui représentent la femme musulmane par conviction.

Je voulais alors connaître la différence entre la musulmane par tradition et la musulmane par conviction : Pour elle, la tradition n’était pas le vrai islam du temps du prophète, par contre son islam est identique à ce que Dieu a voulu et comme l’a vécu les premiers musulmans, et pour m’expliquer plus, elle m’a dit clairement que l’islam ne doit pas être séparé de la politique, parceque Dieu à dit “Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, les voilà les mécréants.”.

Selon elle, cet habit qu’elle portait n’était pas un simple habit musulman mais aussi un uniforme qui représentait la tendance islamique tunisienne « Ennahda », pour les femmes musulmanes qui appartenaient à ce parti et pour montrer à tout le monde le nombre important de personnes à vouloir une république islamique.

Ma vie Ma Tunisie, livre biographique

Ma vie Ma Tunisie, livre biographique

C’est une des grandes erreurs de ma mère que de sous estimer le danger de l’infiltration de l’islamisme dans notre famille, elle se disait peut-être que cela était passager et que ma sœur allait retrouver son équilibre.

Malheureusement, elle ne connaissait pas leurs méthodes de manipulation, ils agissent sur les personnes qui veulent faire servir.

Les méthodes pour eux sont multiples pour arriver au but. Ma sœur était tombée dans le piège de l’amour d’un islamiste, un membre faudeur d’Ennahda, elle voulait se marier avec lui et fonder une famille exemplaire au service d’Allah, c’était son rêve de jeune fille.

Mohamed lui-même a utilisé cette méthode quand il s’est marié avec certaines de ses femmes afin d’avoir le soutien et l’alliance de leur famille et même de leur tribut, afin de servir sa cause, la propagation de l’islam.

Cela est remarquable aussi en Europe, à travers la conversion de beaucoup à l’islam suite au lien du mariage, généralement, ceux qui se convertissent, le font par amour, ce qui conduit nécessairement à l’infiltration islamiste dans les familles.

La deuxième erreur qu’à commit ma mère a été de ne pas agir à temps pour faire face à ce danger, car elle croyait à la liberté de chacune et à ses responsabilités, elle ne voulait rien imposer à ses enfants, afin que ces derniers assument leurs choix.

Elle nous a éduqués pour être responsable, elle ne voulait pas que ces enfants vivent ce qu’elle a vécu quand elle n’a pas eu le choix pour son mariage. Elle était amoureuse de son cousin paternel, et malgré cela, elle s’est retrouvée mariée, forcée, à mon père malgré son jeune âge. Elle en a beaucoup souffert.

Et c’est pour cette raison, qu’elle donnait la liberté à ses enfants pour faire le choix et vivre l’expérience, quitte à se brûler le doigt comme elle disait.

Malheureusement, l’infiltration islamiste a été la source de malheur de ma famille et des milliers d’autres familles, aux années quatre vingts, sous prétexte de la liberté, et du libre choix… “

Cette situation actuelle en Tunisie me rappelle ma famille pendant l’infiltration islamiste, la Tunisie d’aujourd’hui permet à un parti politique à connotation islamique de paraître officiellement mais qui risque d’être la source de son malheur.

Notre devoir est d’avertir cette population encore fragile et qui manque d’expérience dans le domaine de la politique et de la Liberté, une population en majorité influencée par l’emprise religieuse de l’islam, et que ces islamistes utilisent pour les embobiner dans l’islamisme et pour avoir leur soutien au pouvoir.

Malgré tous les problèmes qu’a rencontrés ma sœur suite à l’islamisme, elle tenait toujours à l’islam, pour elle l’islamisme est le vrai islam, qui pour elle, est la seule issue pour conserver son identité, ses idées en fait, ne lui étaient pas propres mais inculquées dans sa tête par son mari.

Finalement, l’islamisme fait de ses adeptes des prisonniers de lui-même et efface complètement leur raisonnement et j’avais compris la raison pour laquelle Bourguiba avait tellement peur des islamistes.

Étant jeune, je n’avais pas fait le rapprochement entre la peur de ma mère de l’islamisme pour sa famille et la peur de Bourguiba de l’islamisme pour son peuple, avec la différence, que lui, il a pris des mesures fermes, quant à elle, elle a laissé le choix à sa famille et l’a vu par la se déchirer et son rêve s’éteindre.

La Tolérance dont a adopté ma mère comme méthode, a aidé les islamistes à mettre la main par-dessus ma famille immédiatement. La méthode de Bourguiba d’oppression et de censure et par la suite Ben Ali a peut-être aidé les islamistes à mettre la main par-dessus la société tunisienne à long terme.

Celle-ci doit se rendre compte du danger de l’islamisme qui n’a fait que grandir dans l’obscurité, de plus en plus fort après avoir eu l’autorisation de participer politiquement à l’avenir de la Tunisie.

Que faut-il faire avec eux : leur donner la liberté ou la leur priver ?

Je pense que la censure ne peut pas être la solution, ni la liberté d’ailleurs. Il faut déterminer des lois claires dans la constitution afin de préserver la liberté de chacun et de défendre les libertés au nom de tous. Il ne faut pas interdire la parole au nom d’une religion ou d’une idéologie. Seules les diffamations et les mensonges devraient être interdits. Il faut cesser la violence verbale et physique.

J’espère que les Tunisiens vont devenir plus conscients et plus vigilants, qu’ils vont faire le bon choix pour la Tunisie de demain. Un moderniste par exemple, avec qui, au moins, on peut discuter est mille fois meilleur qu’un islamiste dangereux par ses opinions, qui prétend parler au nom de Dieu et avec qui, on ne peut discuter sans être accusé de mécréant.

C’est Aux Tunisiens de choisir un programme humain et non un programme issu des idées d’une religion.

Mon combat jusque-là est un combat culturel, une guerre d’idée et je dénonce toute forme de violence. Je suis contre ceux qui ont interdits la parole aux islamistes quel qu’ils soient, même Hizb ut-Tahrir et les salafistes car ceux-là ont le droit de s’exprimer en toute liberté, à condition, qu’ils respectent la liberté des autres et ne parlent qu’en leur nom, et qu’ils ne se mêlent pas des autres et qu’ils respectent la constitution moderniste.

Je suis tout à fait contre ces partis politiques à connotation islamique, ils ont le droit d’agir en associations ou fondations dans la société civile, mais pas en politique tant qu’il n’y a pas une constitution qui protège les tunisiens de leurs dérivés au nom de l’islam. Comme il y a eu l’interdiction de Hizb ut-Tahrir, la dissolution du RCD et autres, il faut interdire maintenant Ennahda, car il ne faut pas utiliser l’influence religieuse dans la scène politique.

Sinon, elle peut présenter un programme politique indépendant de la religion car elle n’a aucun droit de parler au nom de l’islam, ni d’utiliser les mosquées comme lieu de la propagande à l’appel aux manifestations, et surtout, interdire toute manifestation non autorisée. Les manifestations doivent se faire principalement le jour férié, dimanche, afin de ne pas nuire à l’ordre public.

La Tunisie ne connaîtra jamais la paix ni l’évolution moderne avec ces partis politiques islamiques. Il y aura certainement des divisions dans le parti même comme toujours, car il est fait de plusieurs tendances islamiques. Aujourd’hui, c’est le besoin du pouvoir qui les réunit, mais après les élections du 23/10, ce ne sera plus le cas, surtout si le peuple tunisien votera massivement les modernistes.

En tout cas et d’après mon expérience et ma connaissance de ce parti politique, il va vers la division, quel que soit le résultat de vote du 23/10, surtout si les Tunisiens sont conscients du danger de ce dernier. J’espère pouvoir sortir le livre qui va expliquer avec détail l’histoire de ce parti islamiste, Ennahda et ses relations avec l’islamisme international selon mon vécu.

Il faut des lois strictes et fixes dans la constitution qui punissent fermement :

Tout appel ou menace à la violence que ce soit physique ou morale, contre les personnes ou les groupes.

Tout acte de violence au nom d’une religion ou d’une idéologie ou autre.

Toute diffamation contre une personne ou un groupe.

Toute utilisation des lieux religieux à des fins politiques.

Toute personne qui s’habille de façon à cacher son visage, soit pour les femmes soit pour hommes, sauf les forces spéciales antiterroristes.

Toute personne qui interdit la liberté intellectuelle au nom d’une religion ou autres.

Toute personne qui parle au nom du peuple entier, chacun doit parler au nom de ceux qu’il représente.

Tout prosélytisme ou leçon de morale dans les lieux publics et le non-respect des personnes des autres croyances.

Toute non-reconnaissance d’une croyance, d’une ethnie ou d’une langue sur le sol national du pays.

Toute personne ou groupe qui reçoit du financement étranger quel qu’il soit.

Quelques exemples de lois pour empêcher les islamistes à limiter le droit des personnes en leur pays, et afin d’arrêter le danger de l’islamisme. Et c’est aux spécialistes de présenter une constitution solide qui respecte les droits.

Pas de liberté aux ennemis de la liberté.

Par : Mohamed Karim Labidi

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