À la vitesse de la lumière vers l’ignorance
À la vitesse de la lumière vers l’ignorance
Qui d’entre nous n’a pas entendu le discours orgueilleux de l’un de nos éminents Oulémas ? Ils sont si fiers de détenir la vérité, une vérité qui existe désormais avant que ces scientifiques occidentaux ne la découvrent. Ils affirment avec certitude : « Regardez, chers musulmans, c’est une découverte déjà existante dans le Coran. Dieu est grand, si grand… »
En effet, il est très facile, quand on arrive à atteindre une vérité concrète, de dire que telle ou telle personne ne l’avait pas dit auparavant, ou encore qu’elle a déjà été citée dans tel ou tel livre sacré. Ainsi, on peut revenir, par exemple, sur les dessins préhistoriques réalisés par l’être humain primitif afin de prétendre que dès le début de l’humanité, on savait déjà que la terre était ronde.
De même qu’à travers la mythologie et les contes, on peut faire des constats du même genre afin de chercher à prouver que les dernières découvertes scientifiques ont déjà été avancées par les anciens. De la sorte, on peut dire que les philosophes grecs connaissaient déjà l’existence de l’atome, mais s’agit-il du même atome dont on parle aujourd’hui ?
Certes, selon les Grecs, l’atome représentait la plus petite particule connue à l’époque, mais, en aucun cas, il ne s’agissait de l’atome tel qu’il est découvert de nos jours. De même que l’atome cité dans le Coran n’a pas de lien direct avec celui de la science moderne. Ainsi, la composition de cette dernière diffère de celle des temps anciens. Par conséquent, ce qui était considéré comme étant la plus petite particule s’avère être aujourd’hui un ensemble d’atomes modernes.
Autrement dit, il n’y a que le nom qui a survécu à travers les siècles afin de désigner la plus petite composante de la matière. Par conséquent, ce serait une preuve d’ignorance que d’attribuer aux anciens l’ensemble des découvertes de la science moderne, comme si l’Homme moderne ne faisait que répéter ce qui a déjà été dit par les anciens. En effet, quel intérêt auraient l’Homme moderne et l’Homme ancien s’ils ne peuvent profiter de leurs découvertes ? Et d’ailleurs, profiter pour prouver quoi ?
Que les textes sacrés, par définition divins, sont en accord avec les lois établies par Lui ? Quelle évidence ! Ou bien encore, prouver que les textes sacrés sont vraiment divins car ils sont en accord avec les lois de la physique moderne, des lois assujetties au changement et calculées avec des marges d’erreur qui peuvent aller jusqu’à 20 % ! En réalité, ceci ne prouve qu’une seule et unique chose, à savoir que les découvertes des anciens n’étaient qu’intuitives et très loin de la réalité scientifique.
Ainsi, le genre d’essais de comparaison tel que « Le Coran et la science » ou « L’Évangile et la science », et j’en passe, ne prouve qu’une seule chose, à savoir une nette ignorance de l’histoire humaine et de la vérité de leur époque, malgré la parfaite maîtrise et la conscience de l’évolution scientifique.
Par ailleurs, ce genre d’essais manifeste la présence d’un conflit intérieur que vivent les auteurs respectifs, entre leurs approches et leurs convictions de l’importance de la science moderne, et entre le poids de leurs bagages culturels et religieux, qui commencent à perdre de leurs effets.
Ainsi, dans l’espoir de réconcilier les deux théories, ils optent pour ce genre de comparaisons qui n’apportent que des solutions provisoires. En d’autres termes, ces essais vont à l’échec, et n’ont pour objectif que de tromper la raison et la logique humaine, imposées de plus en plus chez l’être humain de la fin du vingtième siècle.
Personnellement, je n’ai rien contre la «logique» dite religieuse ou divine, mais je ne peux m’empêcher de constater que tous ceux qui ont besoin de faire ce genre de comparaison ignorent l’objectif réel du discours religieux et la vérité de l’histoire humaine.
Par ailleurs, ce qui leur échappe, c’est qu’ils sont en train de rendre un très mauvais service aux textes dits divins à travers leurs travaux, étant donné que les expériences scientifiques sont en état d’évolution permanente. Ainsi, ce qui est prouvé aujourd’hui peut être démenti demain, de même que ce qui a été approuvé hier a été démenti de nos jours.
Alors, leurs démonstrations se retournent contre eux et, au lieu de servir et de confirmer le discours religieux, ils se trouvent en train de le démolir pierre par pierre sans s’en rendre compte en raison de leurs ignorances.
Je reconnais, encore une fois, ma propre ignorance des lois de la physique et des mathématiques, mais en même temps, j’affirme ma bonne maîtrise du discours religieux. Ainsi, il me suffit de prendre connaissance du mécanisme de la science moderne pour pouvoir expliquer la logique religieuse sous la lumière de la science.
Ceci étant, quelle sera ma position si cette dernière évolue et change de direction en me prouvant que mes croyances religieuses n’ont aucun fondement scientifique ? Me trouverais-je en train de prouver, à ceux qui ont les mêmes croyances que moi, que les lois sacrées, sur lesquelles on se base, n’ont aucune assise scientifique ?
Ce genre de pratiques a été une des origines de la distinction de la logique chrétienne en Europe. Par conséquent, si vraiment vous êtes attachés à votre forme de croyance, je vous conseille d’éviter ce genre de comparaison afin de préserver le charme et l’authenticité du discours religieux auquel vous appartenez.
Il ne faut pas chercher à comparer la parole divine à la parole humaine puisque, de la sorte, vous frappez, inconsciemment, la parole divine en prouvant qu’en réalité, il ne s’agissait que d’une parole humaine dans un sens comme dans l’autre. Autrement dit, la théorie de la relativité d’Einstein… appartient uniquement à ce dernier.
Il faut essayer de renoncer à l’idée selon laquelle les « anciens savaient et les modernes ne font que répéter ce qui est déjà connu. » Pour finir, sachez que le temps de l’Homme irresponsable, qui se réfère constamment aux anciens et aux forces surnaturelles, est révolu, et que le temps de l’Homme responsable débute afin qu’il puisse penser par lui-même et servir l’humanité sans la moindre intervention extérieure de quelque sorte que ce soit. On croit que Dieu sait tout sans pour autant pouvoir le prouver ; en revanche, l’homme ne sait rien, mais on peut prouver qu’il est capable de tout savoir.
Par : Massin Kevin Labidi
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